Lorsque je raconte à des gens que je fais du podcasting, bien souvent, la première question qu’on me pose est qu’est-ce que c’est? Lorsque la question du «quoi» est réglée, la question suivante traite toujours d’argent. Que ce soit pour me demander combien d’argent je fais avec le podcasting ou si je gagne ma vie à le faire, la plupart des gens croient que je tire des revenus de mon passe-temps préféré. Ce qui, vous l’aurez deviné, n’est pas le cas.
Le mythe du baladodiffuseur qui fait de l’argent est persistant car les gens se réfèrent au métier d’animateur de radio traditionnelle pour comparer. Ils oublient que la baladodiffusion est un média en développement, que ses modèles d’affaires ne sont pas encore pleinement définis, que le bassin d’auditeurs n’est pas aussi important que pour la radio hertzienne et surtout, que la connaissance du médium de la part du public en général n’est pas aussi grande qu’on le croit. Ha oui, il y a aussi que plusieurs auditeurs se contentent d’écouter la version baladodiffusée de leur émission de radio préférée et ne s’aventurent peu ou pas du côté du «vrai» podcasting, c’est-à-dire celui produit par les indépendants.
LES MODÈLES D’AFFAIRES EXISTANTS
Quelques modèles d’affaires et de revenus sont déjà en place et une grande quantité de ceux-ci viennent du côté des États-Unis. Les américains sont toujours les plus rapides pour bâtir une structure rentable et ainsi rendre viable un médium de communication. En voici quelques-uns.
L’insertion publicitaire institutionnalisée
Quelques services ou réseaux de podcasting proposent de l’insertion de publicité au début ou à la fin des émissions disponibles en baladodiffusion, tels que PodShow (la compagnie du «PodFather» Adam Curry) ou Talkshoe. Pour ce faire, il faut généralement archiver ses fichiers audio sur les serveurs de l’entreprise, lesquels font l’insertion automatique de publicité au début et/ou à la fin du fichier audio. L’archivage sur des serveurs dédiés permet d’obtenir des statistiques plus précises sur l’auditoire. Pour être rémunéré, il faut cependant se conformer à certains standards fixés. Pour Talkshoe par exemple, il faut que le fichier audio soit téléchargé plus de 1000 fois durant les 7 premiers jours de la mise en ligne, exigence que plusieurs podcasts ne rencontrent pas.
Le placement publicitaire à la pièce
Semblable au précédent dans le fait que ça demeure du placement publicitaire avec insertion de segment audio dans une émission en baladodiffusion, il diffère par contre dans le fait que l’insertion est faite manuellement par le podcaster lui-même. Alors que pour l’insertion institutionnalisée, les contrats et redevances publicitaires sont négociés par une entreprise, le placement à la pièce est négocié directement par le podcaster. À moins d’être approché directement par une compagnie intéressée à faire du placement publicitaire, cette méthode peut prendre beaucoup de temps dans la vie du podcaster voulant tirer un revenu de cette activité. Par contre, un contrat à moyen ou long terme peut-être rentable selon la taille de l’audience. Il faut aussi pouvoir fournir à l’annonceur des statistiques de téléchargement précises, ce que des services d’archivage de fichiers audio tels que LibSyn peuvent nous permettre de faire.
L’affiliation à un produit ou service
Souvent comparée à de la publicité «déguisée», l’affiliation à un produit ou service peut-être dangereuse pour la crédibilité du baladodiffuseur. Dans ce cas, la transparence est de mise. C’est généralement la compagnie désirant promouvoir un produit ou un service qui approche le baladodiffuseur. En échange du produit ou service en question (et moyennant parfois quelques dollars) le podcaster est invité à discuter du produit à son émission. Je conseille aux podcasters de dire d’emblée que ce produit à été fourni par une compagnie. Les auditeurs font confiance aux podcasters indépendants pour leur liberté de choix et de pensée, personne ne voudrait briser ce lien pour le dernier modèle de tablette internet de Nokia, pas vrai?
Les publicités contextuelles
Insérées automatiquement dans votre blog par un service tel qu’Adsense de Google, ces publicités peuvent fournir un revenu d’appoint et peut-être payer les frais d’archivage de vos fichiers audio. Il ne faut cependant pas s’attendre à la manne car contrairement à un blog traditionnel, celui d’un podcaster est consulté par un faible pourcentage de l’auditoire. Le secret est d’écrire régulièrement et de partager du contenu unique sous forme de texte que l’on ne partage pas dans son émission. Petit à petit, on peut se bâtir un lectorat respectable qui, l’espère-t-on, cliquera allègrement sur les publicités. Le hic est que, ces publicités sont de moins en moins efficaces car l’internaute en fait abstraction en consultant une page, et le taux de paiement par clic est plutôt faible. C’est le seul modèle de revenus que j’ai tenté pour l’instant et ce n’est pas ce qui paie mon loyer. Pour Google Adsense, il faut atteindre 100$ de revenus avant d’obtenir un premier chèque, chose que j’attends toujours après 1 an et demi de publicités sur mon site.
L’affiliation à un réseau de blog
Tandis qu’ils sont presque inexistants du côté francophone, les réseaux de bloggers fonctionnent assez bien du côté anglophone, si bien que certains bloggers gagnent leur vie à écrire. Encore une fois, la régularité est de mise, mais aussi la qualité. Seul le contenu de premier ordre passe la barre et peut vous permettre de toucher quelques dollars. Souvent pour ces réseaux, les publicités générant ces revenus sont négociées avec par le réseau avec des annonceurs et ont un lien direct avec le sujet discuté. Quelques réseaux de podcasts fonctionnent de cette façon, mais bien souvent le podcaster n’est pas consulté lorsque son contenu est intégré au réseau, surtout lorsqu’il est diffusé sous une licence Creative Commons.
Les dons
Certains podcasters mettent ce que l’on appelle en anglais, un «Tip Jar» ou si vous préférez, un «récipient à pourboires». Souvent propulsé par PayPal, ce Tip Jar permet aux auditeurs de laisser quelques dollars pour encourager le baladodiffusieur. Certains préfèrent les dons en un seul versement tandis que d’autres proposent un prélèvement automatique mensuel. Souvent de 2 ou 5 dollars par mois par auditeur, ça peut-être encourageant à première vue mais seulement un très faible pourcentage des auditeurs donnent de cette façon.
La marchandise
Des services comme CafePress vous permettent d’afficher votre logo sur des produits dérivés fabriqués et livrés à la pièce. Lorsque vous mettez de l’avant une boutique CafePress, un pourcentage des revenus vous est retourné ce qui ajoute à l’ensemble des «balado-dollars» que vous pouvez amasser. Encore une fois, à moins de produire des T-shirts spectaculaires, bien peu d’auditeurs se procurent cette marchandise. En 1 an, un ami a réussi à vendre 3 T-shirts et quelques babioles. Pas le Pérou dites-vous mais tous les dollars sont les bienvenus pour celui qui désire gagner sa vie en faisant du podcasting.
LE SECRET?
Pour réussir à amener un podcast dans la voie de la rentabilité, quelques aspects sont à considérer:
Produire son contenu en anglais
La plupart des gens sur le globe ont à tous le moins quelques notions d’anglais. On parle d’un bassin d’auditeurs potentiels qui fait quelques milliards alors qu’au plus quelques centaines de milions de gens connaissent le français. Si l’on considère que le podcasting est aussi mieux implanté chez les anglophones du monde, c’est une voie à considérer.
Avoir un sujet qui plaît
Trouver un sujet assez spécialisé pour se différencier mais assez «grand public» pour attirer le plus grand nombre possible d’auditeurs vous aidera. L’éternelle difficulté est de trouver LE sujet. Si on désire faire du podcasting comme hobby, on peut choisir n’importe quel sujet sans se soucier du nombre d’auditeurs mais le baladodiffuseur «de carrière» voudra toucher le plus grand nombre de personnes possible et ainsi courir la chance de faire quelques dollars au passage.
La régularité
J’en parle beaucoup mais c’est la clé pour obtenir un bassin d’auditeurs fidèles et croissant. Un des facteurs de désabonnement est le manque de régularité. De plus, vos auditeurs s’habitueront à recevoir leur contenu à date fixe à chaque semaine ou à chaque mois et reviendrons vous visiter de façon régulière.
La durée dans le temps
Un auditoire se bâtit sur des mois en podcasting, voire des années. Persévérer vous aidera au fil du temps à obtenir ces précieux auditeurs.
Utiliser toutes les sources de revenus
C’est la seule façon d’y arriver. Le placement de produit, l’insertion publicitaire, le «Tip Jar», ce sont d’autant de façon d’amener de l’eau au moulin et ainsi atteindre votre but. Et n’oubliez pas, Rome ne s’est pas bâtie en un jour.
EN CONCLUSION
Plusieures options sont là mais il ne faut cependant pas se faire d’illusion; peu voire aucun podcasters gagnent leur vie avec ce médium au Québec et une infime partie réussissent à en tirer un revenu d’appoint substanciel. Mais il y en a! L’important est d’analyser les avenues possibles et d’y mettre toutes ses énergies. À la fin, c’est le temps et votre volonté à atteindre votre but qui fera la différence.