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Ce que La Presse ne vous a pas dit

En lisant l’article de La Presse sur la Baladodiffusion, ce qui saute aux yeux c’est l’absence d’informations sur les productions indépendantes, mis à part Le Québec en Baladodiffusion. Et il est malheureusement impossible sur le site de La Presse de laisser un commentaire sur un article et ainsi corriger le tir. Lors de l’entrevue, j’ai tenté de discuter d’initiatives intéressantes alors que le journaliste-blogueur Tristan Péloquin cherchait des arguments pour appuyer son constat que Radio-Canada semble délaisser la balado. De fait, Radio-Canada n’avait pas mis à jour la version baladodiffusée de Christiane Charrette depuis le 22 juin dernier, chose qui a été corrigée ce matin.

En bâtissant son texte qui a contribué à remettre l’émission de Christiane Charrette dans nos iPod, monsieur Péloquin est passé sans le savoir à côté d’une foule d’émissions de très grande qualité. Premièrement du côté de notre radio-diffuseur d’état, on a mis en ligne l’excellent Par 4 chemins de Jacques Languirand, le concours de courts métrages et de balados Métissé Serré bat son plein et on peut suivre le quotidien d’un couple d’immigrants dans un podcast vidéo appelé J’adopte un pays; de la qualité je vous dit. Mais ce n’est pas là que la Baladodiffusion brille le plus…

Un médium en ébullition
Les journaux ne vous parleront pas de Hugh McGuire et de son initiative appelée Librivox. Ce montréalais a eu le génie de rendre disponible sous forme de livres audio baladodiffusés, des livres du domaine public. Qui plus est, il a mis à contribution des collaborateurs du monde entier qui l’ont fait GRATUITEMENT. Du Christmas Carol de Dickens à Anne of Green Gables de Lucy-Maud Montgomery, en passant par Dostroyevsky, il y en a pour tous les goûts. Depuis 2 ans, Librivox est probablement une des maisons de production de livres audio les plus prolifiques du monde.

Les journaux ne vous parleront pas non plus de Bob Goyetche qui à lui seul soit anime, co-anime, et produit quatre émissions : le Bob & AJ Show, le Catfish Show, Mostly Tunes et le Canadian Podcast Buffet. Ils ne vous parlerons pas de Galacticast de Rudy Jahchan et Casey McKinnon, un des podcast vidéos les plus en vue de l’heure où l’on parodie divers symboles de la Culture Geek. Finalement, on ne vous parlera pas de Julien Smith la rock star des podcasters et de son In Over Your Head dont le taux de téléchargement pourrait faire rougir Jeff Fillion et sa Radio Pirate… et il n’a même pas eu à passer à Tout le monde en parle! Et que dire de Six Pixels of Separation fait par Mitch Joel de Twist Image, véritable guru du média social. Non, les médias québécois francophones ne vous parleront pas de ceux-ci; probablement trop anglophone pour eux.

Même du côté francophone, il y a peu de chances qu’on vous parle de Laurent Lasalle qui bosse toutes les semaines à nous concocter un Mets tes écouteurs tout en musique. Ni des Beaux Réal Roux qui ont recommencé à produire leur émission amusante qui se veut vaguement intellectuelle. Ni de Pierre Journel et de sa Cabane au Canada produite à la façon d’un audioblogue, ni de Serge Lemire qui produit des entrevues indépendantes avec des artistes québécois dans Du Bon et Du Con, ou bien du magazine audio P45.

Depuis les débuts du podcasting en 2004, l’intérêt de ce médium a toujours été de pouvoir entendre des points de vues différents que ceux que l’on a l’habitude d’entendre. De pouvoir écouter des voix différentes. De briser les formats et les carcans radiophoniques. De démocratiser un médium qui a été longtemps l’apanage de sociétés d’état et de grandes structures, et tout cela SANS PUBLICITÉ, mais surtout, GRATUITEMENT. La baladodiffusion amène un vent de fraicheur dans nos lecteurs numériques et ceux qui y goûtent ont parfois de la difficulté à revenir vers la radio commerciale tant elle peut parfois manquer de substance.

Alors pourquoi accorder autant d’importance aux baladodiffusions de la radio d’état ou de toute radio commerciale?
Ce faisant, on contribue à faire gonfler la popularité téléchargée d’émissions qui n’ont pas besoin de ces auditeurs supplémentaires pour survivre. En omettant de parler de tous ces producteurs qui font des émissions uniquement par passion, on donne aussi l’image que la baladodiffusion est un médium réservé aux médias traditionnels. En ne donnant pas la parole à plus d’indépendants, on prive ces gens d’une forme de visibilité salutaire pour l’avenir de ce médium.

Contrairement à ce qui est écrit dans l’article, je constate la richesse, la diversité et le dynamisme des baladodiffuseurs d’ici et l’engouement pour ce médium est toujours en croissance. Et la popularité de bien des productions du Québec se compare à ce qui est fait ailleurs au pays. On a qu’à assister au rassemblement de baladodiffuseurs PodMtl pour le constater.

Christiane Charrette

Qu’en pensez-vous?

Au moment d’écrire ces lignes (soit le même jour que la parution de l’article), l’émission de Christiane Charrette qui avait disparu de la section baladodiffusion du site de Radio-Canada a été réintégrée, les liens vers le fil RSS de l’émission ont été remis en place et le fil RSS lui-même a été réactivé avec toutes ses archives! Magie!

Pire encore, sur le site même de Christiane Charrette, on retrouve dans le bas de la page une bannière annonçant la remise en ligne du podcast pour… le 1er octobre! Aujourd’hui! Ça sent la campagne promotionnelle orchestrée d’avance et surtout, ça sent le copinage. Mais j’espère que je me trompe; tout le monde sait que les journalistes sont objectifs, non?!